ÉCOLOGIE : NOTRE BIOSPHÈRE EN DANGER

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UNE PLANÈTE EN SURSIS

Extraits du chapitre « Minuit moins cinq ? »
du livre LE TEMPS DES INCERTITUDES (© 1998) de Christophe Baroni :

« Nous vivons, et dans l’histoire de l‘humanité c’est nouveau, au sein d’une monde en mutation constante et rapide. Tous les domaines de notre vie sont concernés. (…) L’histoire s’est accélérée de façon incroyable. (…) Une épée de Damoclès pèse sur nos têtes. Il faut désormais parler d’une ‘géopolitique du chaos’, selon le titre d’un livre récent du directeur du ‘Monde diplomatique’ [Ignacio Ramonet]. Protéger l’environnement relève de la haute politique, à cause de l’interdépendance. Des réponses globales sont urgentes, vu le rythme précipité et la profondeur des bouleversements géopolitiques, en cette fin de millénaire [« Le temps des incertitudes » a paru en 1998]. »

« Elle est morte, la foi naïve d’antan en un avenir radieux de l’humanité grâce aux progrès de la science et de la technique. Plein d’incertitudes, voire lourd de menaces, le futur ne nous sourit guère, c’est le moins qu’on puisse dire. Beaucoup de fulgurantes innovations et de prouesses techniques entraînent des bouleversements fâcheux. Plus que jamais est vraie la boutade : ‘Nous ne savons pas où nous allons, mais nous savons que nous y allons de plus en plus vite’. »

« La pollution de l’air, de l’eau, de la terre est devenue un problème majeur, voire une hantise hélas justifiée, et les enfants en prennent conscience très tôt. ‘Le civisme commence au respect des forêts’, déclarait Denis de Rougemont, appelant de ses vœux un enseignement vivant de l’écologie à partir des réalités proches et visibles : un tel enseignement serait propre à déclencher le processus de la révolution sociale et scolaire ‘dont dépend l’avenir non seulement de l’Ecole mais de l’Europe et du Monde’ et qui n’est ni de gauche ni de droite, car ‘elle n’oppose au profit sacralisé que l’honneur et le bonheur humain’. »

« Après les récents essais nucléaires indiens et pakistanais [« Le temps des incertitudes » a paru en 1998], Leonard Rieser, président du Comité éditorial du ‘Bulletin des scientifiques atomiques’, avança de neuf minutes l’horloge ‘Doomsday Clock’ qui, symbole du risque d’une catastrophe nucléaire, figure depuis 1947 sur la couverture de cette revue : nous voici à minuit moins cinq déjà. »

« Il ne s’agit pas ici de procéder à une évaluation des risques, ni de revenir sur les aspects soigneusement cachés de certains dossiers, mais de souligner les répercussions psychologiques, sur nos esprits d’adultes, d’adolescents ou même d’enfants, de cette angoisse quant à la survie même de l’humanité et des êtres vivants dans leur ensemble, sur la planète qui est la nôtre. »

Ce livre LE TEMPS DES INCERTITUDES (publié en 1998), dont le dernier chapitre s’intitule « Un monde en attente : la foi qui naît », s’achève malgré tout sur une lueur d’espoir : « Le XXIe siècle pourrait – si la biosphère résiste aux atteintes les plus graves – être moins tragique que celui qui va s’achever. La lueur d’espoir est faible, vacillante, mais réelle. »

Si vous désirez en savoir plus sur ces aspects cachés, voyez ici même CENTRALES NUCLÉAIRES et SUPERPHÉNIX. Pour approfondir la question, demandez le dossier en cliquant sur contact.

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CENTRALES NUCLÉAIRES : angoisse, fantasmes et réalités

Voici des extraits d’un article que j’avais publié dans la revue trimestrielle « OUVERTURE » en été 1986. Il reste d’actualité, vu qu’il traite de l’aspect psychologique des problèmes liés à l’énergie nucléaire. © 1986 by Christophe Baroni, Nyon, Suisse.

UN PÉRIL INVISIBLE : « Le péril atomique a ceci de particulier : sauf en cas d’accident spectaculaire ou de guerre nucléaire avec explosion de bombes ou d’obus, il est invisible – et de toute façon ses effets s’étendent, géographiquement, bien au-delà de la zone où il aurait éventuellement été visible. Vous pouvez avoir été gravement irradié sans le savoir… et en mourir de longues années après dans d’atroces souffrances ; ou donner un jour naissance à un enfant leucémique ou atteint de malformations et vous heurter alors à des autorités froides et impassibles qui vous déclareront que la relation de cause à effet est difficile à prouver, pour de faibles doses de radiations. (…) Centrale maudite que celle de Windscale, près de Liverpool : plus de trois cents incidents techniques à son bilan, dont dix graves. Depuis sa mise en service, en 1952, cette centrale nucléaire militaire aurait rejeté entre 250 et 500 kg de plutonium et autres métaux lourds dans la mer, estime-t-on – les poissons risquant d’être contaminés jusqu’en Scandinavie et au Groenland. » CB

UNE IRRADIATION CONTINUELLE DE LA POPULATION : Lors des conférences-débats organisées en octobre 1984 par l’Institut national genevois avec la collaboration de la Commission cantonale en matière d’énergie, l’Association pour l’Appel de Genève (APAG) et la Société suisse des ingénieurs nucléaires (SOSIN), Hans Huggel, professeur de biologie à l’université de Genève, a déclaré : ‘Certaines mesures qui ont été faites, par exemple dans une centrale à Long Island à New York, ont montré, les experts en étaient étonnés, que ce rayonnement allait beaucoup plus loin de la centrale qu’on n’avait cru : plusieurs centaines de kilomètres, et pas seulement quelques centaines de mètres. C’est donc une irradiation continuelle de la population qui existe, surtout en Europe où la population est très dense, et nous n’avons pas de désert à disposition.’ Il ne s’agit là ni des conséquences d’accidents catastrophiques comme à Tchernobyl ou d’incidents soit graves soit bénins, mais des conséquences de l’utilisation ‘normale’ de l’énergie nucléaire, dans un pays de très haut niveau technologique comme aux Etats-Unis. Or les radiations, à partir d’une certaine dose en tout cas, ont un effet cocancérigène, c’est-à-dire amplifient la tendance au cancer, et un effet mutagène, c’est-à-dire provoquent des altérations du patrimoine génétique, conduisant à des malformations chez les fœtus. » CB

J’avais donc posé à l’ingénieur-physicien Pierre Lehmann, collaborateur de la Société d’étude de l’environnement à Vevey, la question suivante : « Sans accidents ni même incidents mineurs, les centrales suisses ou proches de la Suisse nuisent-elles à l’environnement ? à notre santé ? Si oui, en quoi ? (A bref, moyen et long terme.) Voici sa réponse, publiée dans « Ouverture » en été 1986 : « Oui. Les centrales nucléaires émettent en continu par une cheminée (à ne pas confondre avec la tour de refroidissement) une radioactivité bêta et gamma. Lors d’arrêts brusques du réacteur, cette radioactivité prend des valeurs importantes pendant des durées de l’ordre de l’heure. Cette radioactivité cause une ionisation de l’air qui, à son tour, accélère l’acidification (transformation de SO2 en H2SO4, acide sulfurique, par exemple). Les travaux de Reichelt et Kollert (‘Waldschäden durch Radioaktivität?’) ont pratiquement apporté la preuve que les centrales nucléaires contribuent à la mort des forêts. Le Kr85 (krypton) émis en continu par les centrales a une demi-vie de 9 ans et n’est pas éliminé par les mécanismes naturels ; il s’accumule donc dans l’atmosphère ; cela peut entraîner, par ionisation, une modification du champ électrique. Les radionucléides peuvent probablement aussi se concentrer dans la chaîne alimentaire (voir Bikini). » CB

UNE POLITIQUE DU SECRET : « Pourquoi les dangers, les incidents, les accidents sont-ils tus, ou minimisés, ou présentés en termes techniques incompréhensibles pour les profanes ? Parce que la prise de conscience, par les masses, des conséquences irrémédiables de l’option nucléaire obligerait les responsables à y renoncer – malgré les investissements incroyables déjà faits, en bonne partie avec l’argent des contribuables. Pour être plus net, dois-je dire qu’en fait, cette prise de conscience par les masses amènerait d’autres hommes, et d’autres femmes, au pouvoir ? Docteur ès sciences, maître de recherches au CNRS, Monique Séné, présidente du Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN) à Gif-sur-Yvette près de Paris, constate : ‘On se heurte toujours à une politique du secret.’ (…) Quelle crédibilité accorder à des Services de radioprotection qui imposent à leurs agents un serment comme celui qui lie les agents du Service français de protection contre les rayonnements ionisants : ‘Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions et de ne rien révéler ou utiliser de ce qui sera porté à ma connaissance à l’occasion de leur exercice’ ? En 1971, le physicien Van Waas ayant révélé que de nombreuses fuites avaient eu lieu à la centrale de Dodewaard, aux Pays-Bas, il fut aussitôt congédié. (…) Il a fallu attendre mai 1986 pour apprendre en termes clairs – par ‘Le Canard enchaîné’ – que voici deux ans, on a frisé le drame bien près de chez nous, dans l’Ain : plusieurs systèmes de sécurité ayant lâché, un incident mineur faillit tourner à la catastrophe. (…) A l’époque, le jargon technique d’Electricité de France (E.D.F.) avait fait passer inaperçu le danger. Et en Suisse, il y a eu en 1969 l’explosion du réacteur expérimental de Lucens (Vaud). (…) L’ingénieur-physicien Pierre Lehmann (…) signale des incidents à la centrale de Gösgen (Soleure), en déplorant le manque d’informations et la ‘manie du secret’. Ne parlons pas des accidents survenant dans les pays communistes, et qui ne sont connus que par sismographe ou satellite : il faut donc que ce soient de véritables catastrophes, telle l’explosion, en 1976, de bombes qui équipaient des sous-marins soviétiques. Bien avant le drame de Tchernobyl – que nous avons appris par les Suédois irradiés – deux catastrophes nucléaires s’étaient produites en U.R.S.S., révéla, en 1978 seulement, la C.I.A. : l’une fit des milliers de victimes et contamina plus de 15'000 hectares en 1958 dans la région de Khystym (Oural), et l’autre, en 1961, a dû être ‘plus terrifiante encore’. Et la C.I.A. de préciser qu’il existe 14 documents du même genre – que des ‘raisons de sécurité’ empêchent de communiquer. Angoissante prudence ! » CB

LE MYSTÈRE NUCLÉAIRE : « Ainsi donc, malgré certaines indiscrétions et révélations plus ou moins ‘sensationnalistes’ des médias, il y a conspiration du silence ou volonté manifeste de minimiser le danger dans un domaine qui (…) relève d’une sorte de mystère. (…) Aussi n’est-il pas étonnant qu’une psychanalyste, Colette Guedeney, qui travailla durant six ans comme médecin dans le Service de radioprotection d’un pays de la Communauté européenne, ait observé lors de visites de centrales nucléaires (par des groupes professionnels ou des délégations officielles comme celle du Haut Comité de l’O.T.A.N.) d’une part l’assimilation inconsciente des centrales à ‘la Bombe’, d’autre part une inépuisable curiosité, surprenante chez des profanes, pour les moindres détails techniques – une telle curiosité évoquant inévitablement, du moins pour les psychanalystes, les fameux ‘pourquoi ?’ incessants et questions inlassablement réitérées des jeunes enfants jamais satisfaits des réponses parentales. (…) Chez les techniciens des centrales nucléaires, fréquente est la méfiance quant à la fiabilité des appareils et moyens de mesure et quant aux compétences des agents décontaminateurs, souvent assimilés à des femmes de ménage chargées des poubelles atomiques. Partout règne le sentiment qu’on cache quelque chose, qu’il existe ‘un secret’. Devant les inquiétudes de leur famille ou les plaisanteries douteuses des amis et voisins, les agents décontaminateurs se réfugient dans le ‘secret’, et cela contribue à faire naître les hypothèses les plus irrationnelles. L’ambiance familiale s’en trouve modifiée. » Je donnais dans mon article de 1986 cet extrait du livre des psychanalystes Colette Guedeney et Gérard Mendel, « L’angoisse atomique et les centrales nucléaires » (Payot, 1973) : « Dans la vie sociale, autour de l’agent [décontaminateur], l’épouse, les amis attribuent en général aux rayonnements ionisants la fréquence des grippes, la lassitude, voire la raréfaction des relations sexuelles. Souvent, il s’entend dire : ‘Avant, tu n’étais pas ainsi.’ En réponse, il se tait. Cette réserve, ce silence le valorisent : pour ses proches, ‘il participe au Secret !’. » CB

UN CLIMAT DE PARANOÏA : « Une telle politique du secret dans un domaine étrange recelant un danger d’autant plus angoissant qu’il est à la fois invisible et potentiellement grave, voire mortel, cela crée un climat favorisant des interprétations et réactions paranoïaques. Comment ne pas interpréter, fût-ce en délirant quelque peu, quand on a de trop bonnes raisons de penser que les responsables dissimulent ou ‘désinforment’ au lieu d’informer honnêtement et, ‘derrière notre dos’ (la hantise du paranoïaque !), prennent des décisions peut-être irréversibles mettant en péril notre vie même ? L’énergie nucléaire, c’est le domaine par excellence du mystère et de la puissance, et se trouver exclu de la ‘connaissance’, comme l’est en cette matière le commun des mortels, revient à se trouver, comme l’enfant, exclu des ‘secrets’ (réels ou supposés) que partagent les parents, ou les adultes en général. Naguère, stations thermales et bouteilles d’eau minérale vantaient les bienfaits, les ‘miracles’ des boues et eaux radioactives. Aujourd’hui l’angoisse domine, dès qu’il s’agit de radioactivité : on pourrait appeler cela ‘l’effet Hiroshima’. C’est aussi le résultat de nos cruelles expériences en matière de radioactivité. L’angoisse est d’autant plus compréhensible que les experts, spécialistes et responsables du nucléaire sont constamment pris en défaut. (…) Le journaliste Alain Campiotti de ‘L’Hebdo’ (Lausanne, 7 mai 1986) a cette heureuse formule : ‘C’est une loi : le silence, la dissimulation libèrent la rumeur, le mensonge.’ » CB

REFOULEMENT ET RETOUR DU REFOULÉ… ET DU DIABLE : « En travaillant six ans dans le milieu nucléaire, Colette Guedeney, médecin psychanalyste, a observé chez les ingénieurs, certes conscients des problèmes posés au public par les centrales, un refoulement de cette angoisse qui nous étreint tous, consciemment ou non, devant les perspectives ouvertes par l’énergie atomique. Tel ancien officier de marine devenu ingénieur nucléaire lui opposa une courtoise mais ferme fin de non-recevoir le jour où elle lui suggéra que peut-être son personnel éprouvait quelque inquiétude : il était ‘scandalisé’ par l’idée qu’un homme puisse éprouver de la peur. Un de ses collègues avait la réputation de prendre beaucoup de risques ; il chantait durant les interventions délicates comme le petit garçon qui siffle en descendant à la cave pour se donner du courage. Mais l’angoisse refoulée ‘faisait retour’, parfois ,dans leur rêves : ‘L’un d’eux courait, poursuivi par un compteur Geiger !’ Ou dans leurs préoccupations : un ingénieur lui avoua ne pas oser avoir un troisième enfant, ‘les risques génétiques augmentant statistiquement avec le nombre’, mais il n’avait jamais – indice du refoulement – pensé que cette crainte pût être en relation directe avec son travail à la centrale ! Chez ces esprits rationnels que sont, en principe, les ingénieurs nucléaires, il est curieux de constater ceci : dès que le problème des risques radioactifs est abordé, on parle dans l’heure qui suit d’horoscopes, de religion, d’un cas de cancer ou d’anomalie infantile, ou bien l’on raconte des histoires grivoises sur l’impuissance… (…) Dans ‘La beauté du Diable’, film de René Clair (1949), Méphisto promet à Faust la ‘toute-puissance’ grâce à l’arme atomique. » CB

UNE CRISE DE CONFIANCE : « Les nucléocrates vantent habilement l’utilisation ‘pacifique’ de l’atome et ses multiples bienfaits pour l’humanité. Ce ‘diable-atome’ est le bouc émissaire des écologistes, insinueront-ils bientôt. Mais depuis Tchernobyl, une crise de confiance sans précédent s’est ouverte. L’adulte pris en flagrant délit de mensonge perd à jamais la confiance de l’enfant, qui douloureusement devient lucide. Trop de spécialistes et de responsables ont menti – et mentiront – sur le nucléaire. L’ampleur de la désinformation commence à se révéler. Nous ne nous en laisserons plus conter. » CB

Je rappelle que ce sont là les extraits d’un article (de 13 pages) publié dans « OUVERTURE » en été 1986. Pour obtenir le texte complet, qui donne beaucoup d’exemples concrets : contact.

Sur les essais nucléaires de la France en Algérie et en Polynésie, à des fins militaires et au mépris de la santé des peuples, voir sur ce site la partie NORD-SUD et CRIMES COLONIAUX et POSTCOLONIAUX.

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NUCLÉAIRE : la face cachée du surgénérateur SUPER-PHÉNIX

Voici maintenant des extraits d’un article que j’avais publié dans la même revue trimestrielle « OUVERTURE » en automne 1986, intitulé « La face cachée de Super-Phénix ». © 1986 by Christophe Baroni, Nyon, Suisse.

L’URANIUM 238 : « Les réacteurs nucléaires ordinaires utilisent l’uranium 235, qui n’est présent qu’à 0,7% dans l’uranium naturel, lui-même composé à 99,264% d’uranium 238. Mais les réacteurs à neutrons rapides, dits surrégénérateurs ou surgénérateurs, brûlent – par le biais du cycle du plutonium – l’uranium 238. Il s’agit donc d’une option absolument différente, qui fait miroiter l’espoir de l’affranchissement d’une hantise de notre époque : l’approvisionnement en combustible. De quoi tenter les dirigeants de nombreux pays soucieux de desserrer l’étau de la contrainte énergétique. De quoi tenter aussi le marché des gros capitaux. (…) Après leurs premières expérimentations dans cette voie originale, les Etats-Unis frôlèrent la catastrophe en 1966, dans la centrale expérimentale Enrico Fermi, près de la grande ville de Detroit (Michigan) : quelqu’un oublia de fixer une pièce dans le cœur du surgénérateur, si bien que le combustible fondit en partie ; l’ordre fut donné d’évacuer la ville… et le désastre ne fut évité que de justesse. Le ‘pilotage’ des surgénérateurs est terriblement délicat et doit se faire, électroniquement bien sûr, à la fraction de seconde… En 1983, instruits par leurs difficultés extrêmes, les Etats-Unis abandonnèrent leur prototype de surgénérateur de Clinch River. » CB

UN PROJET FOU DE LA FRANCE : « Cela n’a pas empêché la France (…) de dépenser des sommes folles, et d’en faire dépenser à d’autres pays européens associés (notamment l’Italie et la R.F.A.), pour mettre en service son premier surgénérateur de grande puissance, Super-Phénix, à Creys-Malville, dans l’Isère, entre Lyon, Grenoble et Genève. Avec un saut technologique insensé des 250 MW du Phénix expérimental de Marcoule, dans le Gard, aux 1200 MW de Super-Phénix. (…) Pour le refroidissement de Super-Phénix, le circuit primaire est rempli de 5000 m3 de sodium liquide. (…) Hélas, très électropositif, le sodium est avide d’eau et d’air : a) la réaction sodium-eau libère de l’hydrogène qui, au contact de l’eau, peut brûler ou détoner, et par exemple faire exploser la fameuse ‘enceinte de confinement’ dont les partisans du nucléaire nous rebattent les oreilles depuis Tchernobyl (le béton contient toujours une certaine proportion d’eau) ; b) la réaction sodium-oxygène de l’air elle aussi a de quoi inquiéter : si à la température ordinaire il y a simple oxydation du sodium, à température plus élevée (env. 200o C) cette oxydation peut se transformer en combustion, avec émission d’aérosols dont l’inhalation produit de la soude caustique dans les poumons (or on sait que les réacteurs nucléaires produisent des températures extraordinairement élevées). » CB

UN RISQUE SPÉCIFIQUE : L’EXPLOSION NUCLÉAIRE : « Les surgénérateurs présentent un risque spécifique, celui de l’excursion nucléaire, sorte de petite explosion nucléaire résultant de l’emballement très rapide de la réaction en chaîne. Toute la question – bien grave question ! – est de savoir si les structures du surgénérateur y résisteraient. Selon une étude du Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN), publiée en 1977 dans l’ouvrage ‘Electronucléaire : danger’ (Seuil), puis en 1981, complétée, dans ‘Le livre jaune sur la société du plutonium’ de l’Association pour l’Appel de Genève (La Baconnière), une ‘excursion nucléaire’ de Super-Phénix résultant d’un arrêt de la circulation du sodium qui refroidit le cœur du réacteur, avec impossibilité de mouvoir les barres de contrôle et donc d’arrêter la réaction en chaîne, pourrait avoir pour origine : a) une panne simultanée des pompes primaires et des barres de contrôle ; b) la propagation rapide d’un défaut local, accident considéré par les spécialistes allemands du Kernforschungszentrum de Karlsruhe comme le plus probable (…) ; c) un tremblement de terre assez fort pour stopper la circulation du sodium et désaxer les barres de contrôle. » CB

UN SITE MAL CHOISI : « Le site, proche d’une faille géologique, était mal choisi ! L’activité sismique dans la région n’est pas négligeable – surtout si l’on s’en tient aux cartes sismiques officielles et non aux réévaluations des constructeurs, c’est-à-dire des investisseurs. Le danger n’a pas échappé aux Ateliers mécaniques de Vevey, chargés de construire le « pont » d’où sont manipulées les barres de contrôle : il résisterait à des secousses sismiques verticales, mais pas à des secousses sismiques latérales. Or, le bâtiment abritant Super-Phénix I s’est légèrement incliné : dès lors, la verticalité est entachée de latéralité… » CB

DÉROULEMENT IMPRÉVISIBLE : « Le déroulement d’une ‘excursion nucléaire’ est imprévisible, car le phénomène est d’une grande complexité. L’expérimentation à échelle réduite ne peut être extrapolée. Seules des catastrophes nous donneront une véritable expérience en la matière… pour autant que les spécialistes qui seront sur place ne meurent pas sur-le-champ et soient en état de faire des observations, de les consigner pour qu’elles puissent être analysées s’il reste des documents ! » CB

ET L’ENCEINTE DE CONFINEMENT ? « En cas d’‘excursion nucléaire’, il serait illusoire de compter sur l’enceinte de confinement de Super-Phénix : avec ses quelques centimètres d’épaisseur, elle est destinée à contenir ce qui s’échapperait de la cuve ou de la dalle si elles se fissuraient et n’est pas prévue pour résister à la libération d’une énergie mécanique nettement supérieure aux 800 MJ envisagés. L’ingénieur-physicien Pierre Lehmann estime, avec d’autres spécialistes, que tout en offrant une appréciable sécurité pour des accidents mineurs, les enceintes de confinement peuvent amplifier un accident majeur. A Tchernobyl, par exemple, une telle enceinte aurait peut-être rendu la catastrophe bien pire encore, par accumulation de l’énergie en un espace restreint. Est-ce pour cela, ou à cause de leur colossal endettement, que les constructeurs envisageaient secrètement, forts de leur expérience (!), de renoncer pour Super-Phénix II à l’enceinte de confinement, d’où économie de 40% paraît-il ? » CB

RISQUE D’EXPLOSION THERMODYNAMIQUE : « Le risque d’une explosion thermodynamique doit aussi être signalé. Elle résulterait du contact entre le combustible qui aurait accidentellement fondu et le sodium servant au refroidissement. Et l’on s’est rendu compte, en cours de construction, que la virole du grand bouchon tournant, située dans la dalle qui ferme la cuve de Super-Phénix, ne résisterait pas à une telle explosion. Le secret a été gardé, et sans des ‘fuites’, le public n’en aurait jamais rien su… jusqu’au jour où une catastrophe se serait produite. » CB

ET EN CAS D’ARRÊT ? « En cas d’arrêt du réacteur de Super-Phénix et de panne des dispositifs normaux de refroidissement, l’évacuation de la puissance qui subsiste dans le réacteur est préoccupante. Lors d’une conférence à Seattle, aux Etats-Unis, en 1979, les constructeurs de Super-Phénix ont évoqué une séquence accidentelle où l’impossibilité d’arrêter le réacteur entraîne non une ‘excursion nucléaire’, mais un effondrement des structures du réacteur, dû à un échauffement trop intense de la cuve. Ils se sont bien gardés d’en informer la presse et l’opinion publique. » CB

POLITIQUE DE L’AUTRUCHE ET COÛTS ASTRONOMIQUES : « Les risques et la complexité des problèmes sont tels que les investisseurs-constructeurs français de surgénérateurs ont tendance à déclarer tout bonnement que la pire défaillance actuellement prévue (la panne des pompes primaires de refroidissement et l’impossibilité d’arrêter le réacteur) ne se produira pas. Politique de l’autruche ! Potentiellement criminelle, ajouteront les antinucléaires. ‘Le programme français ne sera pas remis en cause’, affirme Marcel Boiteux, président d’Electricité de France (EDF). Les investissements sont gigantesques à un point tel qu’il serait bien difficile aux nucléocrates de faire amende honorable s’ils devaient un jour prendre conscience de la nécessité d’abandonner le nucléaire. En attendant, sachez que Super-Phénix contient en son cœur 4 à 5 tonnes de plutonium, et que la dose mortelle de plutonium inhalé est de 1 milligramme… Contrairement à ce que proclament les nucléocrates, le courant électrique produit par un surgénérateur est au moins deux fois plus coûteux qu’avec les réacteurs ordinaires. » CB

POURQUOI ? POUR LA « FORCE NUCLÉAIRE TACTIQUE » DE LA France ! « Mais alors, pourquoi les surgénérateurs ? La réponse est donnée, avec une belle assurance, par les militaires. Dans ‘Le Monde’ du 19 janvier 1978, le général Thiry, directeur de Mururoa de 1963 à 1969, déclarait : ‘La France sait faire des bombes atomiques de tous modèles et de toutes puissances. Elle pourra, pour des coûts relativement faibles, en fabriquer de grandes quantités, dès que les surgénérateurs lui fourniront en abondance le plutonium nécessaire. La voilà, la ‘face cachée’ de Super-Phénix : elle a pour nom ‘force nucléaire tactique’ de la France. » CB

Je rappelle que ce sont là les extraits d’un article (de 8 pages) publié dans « OUVERTURE » en automne 1986. Dès sa mise en marche au début de 1986, Super-Phénix s’est montré capricieux, déroutant, inquiétant, les secousses ont été telles que cela a fait réfléchir – d’autant plus que depuis Tchernobyl l’opinion publique était sensibilisée et n’avalait plus n’importe quel mensonge officiel. Finalement, Super-Phénix a été fermé, après avoir coûté à la France et à ses partenaires des sommes colossales, qui eussent été bien mieux investies ailleurs. Pour obtenir le texte complet de cet article, qui donne beaucoup d’exemples concrets : contact.

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LES PARTICULES OU LA VIE ?

Ci-dessus, j’ai plusieurs fois cité l’ingénieur-physicien Pierre Lehmann. Le 2 novembre 2004, en marge du 50e anniversaire du CERN, il a réagi dans le quotidien « 24 heures » (Lausanne) aux propos dithyrambiques des médias sur le projet destiné à prouver l’existence d’une particule appelée « boson de Higgs » : « Cette obsession de décortiquer la matière en particules plus ou moins ultimes pour la ramener à ce qu’elle était lors du ‘big bang’ me semble futile. Le phénomène le plus extraordinaire est sans doute la vie, laquelle échappe à toute explication scientifique. Le scientisme actuel ne peut que la mettre en danger. La priorité me semble être aujourd’hui de remettre l’humanité sur une voie carrossable avant qu’elle ne compromette complètement ses conditions d’existence. L’existence du ‘Higgs’, quant à elle, ne peut en rien contribuer à cette démarche. Au contraire, les technologies développées pour la prouver peuvent servir à d’autres buts, en particulier militaires. Il serait plus utile de réorienter le CERN vers d’autres activités, ce qui avait déjà été proposé dans un livre intitulé ‘La quadrature du CERN’, publié aux Editions d’En Bas à Lausanne, en 1984. Le CERN réunit des gens très compétents et jouit d’une grande influence. Son implication dans le sauvetage de la biosphère aurait des répercussions considérables. »

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LA QUERELLE SUR LE RÉCHAUFFEMENT DU CLIMAT

Sage, utile et même nécessaire, cette mise en garde de Jacques Lévy, professeur de géographie à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), opportunément citée par le journaliste Alexandre Haederli dans son article nuancé paru dans « Le Matin Dimanche » (Lausanne) le 29 novembre 2009 sous le titre « Les sceptiques du réchauffement parlent de données manipulées » : « Les documents publiés cette semaine sur Internet confirment qu’un certain nombre de chercheurs, tout à fait compétents par ailleurs, endossent le rôle de militants. Cette confusion entre science et politique est éthiquement discutable et socialement dangereuse. » Pour Jacques Lévy, l’hypothèse du réchauffement reste la plus vraisemblable. Ces révélations ne l’invalident pas nécessairement, mais elles illustrent la difficulté d’avoir un vrai débat sur l’évolution du climat. Sans faire l’unanimité, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) semblent avoir eu gain de cause, résume le journaliste : « Aujourd’hui il n’y a que peu de scientifiques pour nier purement et simplement le réchauffement. En revanche, sur les questions qui touchent à l’influence de l’activité humaine ainsi qu’aux éventuelles mesures à prendre, les sceptiques se plaignent de ne pas pouvoir faire valoir leurs arguments et dénoncent un débat biaisé et verrouillé. »

Avec objectivité, Alexandre Haederli distingue trois catégories de sceptiques quant au réchauffement climatique, et offre ainsi au grand public le moyen d’y voir plus clair. Information nécessaire, vu la gravité du sujet : l’avenir de notre biosphère est en jeu ! Aussi m’a-t-il paru bon d’en faire profiter les visiteurs de ce site, car les articles se succèdent dans la presse, et bien peu de lecteurs gardent dans leur documentation et/ou dans leur mémoire ce qui le mérite.

  1. Première catégorie de « climato-sceptiques » : ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de réchauffement du climat. Ils contestent la pertinence des relevés de température et la justesse des modèles de prévision. Ainsi, Richard Lindzen, climatologue américain travaillant pour le Massachusetts Institute of Technology (MIT), a dénoncé « des exagérations grossières, des projections informatiques hautement incertaines, combinées à des déductions improbables ». Ce courant, note le journaliste, est devenu aujourd’hui « largement minoritaire parmi les sceptiques ».
  2. Deuxième catégorie de « climato-sceptiques » : ceux qui mettent plutôt en doute, voire nient le fait que le réchauffement soit imputable aux activités humaines. On se souvient de la polémique déclenchée en 2006 par Claude Allègre, géochimiste et ancien ministre de l’Education nationale et de la recherche, qui soutient cette idée. La planète Terre, soulignent des scientifiques, a déjà connu des périodes bien plus chaudes : il s’agirait tout bonnement de variations cycliques naturelles.
  3. Troisième catégorie de « climato-sceptiques » : ceux qui, comme le statisticien danois Bjørn Lomborg, dénoncent le catastrophisme ambiant. A leurs yeux, les décisions prises pour limiter les dégâts du réchauffement (Protocole de Kyoto, taxes sur le CO2…) ont été prises sur des considérations plus émotionnelles que scientifiques. Ces mesures, qui coûtent très cher, n’auraient selon eux qu’un impact limité sur la hausse des températures. « C’est le courant qui monte actuellement », fait observer Alexandre Haederli.

Je n’ai aucune compétence en matière de climatologie et n’entrerai pas dans le débat. Mais je pense utile cette remarque de « psy » : vu l’angoisse qui, consciente ou inconsciente, nous étreint tous devant la perspective d’une éventuelle atteinte grave, voire irrémédiable à notre biosphère (voir ci-dessus UNE PLANÈTE EN SURSIS), il est bien difficile, sinon impossible, de garder la tête froide et de rester objectif. Evitons si possible ces deux extrêmes : le CATASTROPHISME et ses corollaires l’alarmisme ou le découragement d’une part, d’autre part le DÉNI DU DANGER et ses corollaires la politique de l’autruche et la poursuite du sacro-saint Profit envers et contre tout. J’observe que certains vont jusqu’à fantasmer sur un « complot » ourdi dans l’ombre par de redoutables et cyniques, voire machiavéliques « Maîtres du Monde » qui auraient notamment pour objectif monstrueux, au nom du salut de l’humanité (ou plutôt du salut de je ne sais quelle élite !), de ramener la population mondiale à 2 milliards d’êtres humains, au détriment bien entendu des régions du Sud. Si la question du réchauffement du climat n’était aussi grave, je m’amuserais de ces fantasmes et classerais certaines déclarations dans ma documentation « Paranoïa ». Je ne doute pas un instant des froids calculs de ceux qui ont voué leur vie au Profit, tels les dirigeants de multinationales, quitte à plonger dans la misère des pans entiers de l’humanité, mais ils me semblent plus avides d’argent que fous. Et ils ne désirent certainement pas perdre, en les supprimant, des milliards de consommateurs. CB

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EDGAR MORIN : DISPARAÎTRE OU MUTER !

Plus nous croyons maîtriser la Terre, plus nous hâtons le moment où nous devrons renverser « l’idéologie occidentale, qui faisait l’homme sujet dans un monde d’objets ». C’est dans un texte de 1972, rappelle Jacques Poget dans un éditorial du quotidien « 24 heures » (Lausanne) intitulé « Edgar Morin, 35 ans d’écologie : le désespoir, seule source d’espoir » (9 mars 2007), que le sociologue français « défrichait un terrain qui paraît aujourd’hui familier, en décrivant l’humanité comme une société planétaire totalement dépendante de l’écosystème qu’elle prétend dominer ». Morin allait poursuivre sa réflexion quant au devenir de l’humanité sur la planète « qu’elle dévaste pernicieusement, mais de moins en moins inconsciemment » et militer pour une relation à la planète fondamentalement autre, une nouvelle « politique de l’homme », qui tienne enfin compte de cette évidence : « la Terre dépend de l’homme, qui dépend de la Terre », résume Jacques Poget en citant opportunément les heureuses formules dans lesquelles le sociologue condensait sa pensée. En 2007, Jacques Morin tire de la désespérance « trois principes d’espérance » :

  1. l’improbable, qui souvent se réalise et court-circuite le probable (Hitler vaincu, p. ex.) ;
  2. le potentiel inutilisé du cerveau humain et la capacité régénératrice de l’humanité, stimulés par la catastrophe : avec les 15% actuellement utilisés de nos capacités cérébrales (Einstein dixit), nous en sommes à la préhistoire de l’esprit humain ;
  3. la possibilité d’une métamorphose : acculée au chaos par son développement, l’humanité doit disparaître ou muter, et par définition elle ne peut encore concevoir cette mutation, ni esquisser a priori ce type nouveau de société planétaire, mais elle peut se donner une chance de l’inventer en admettant enfin la nécessité de changer de voie.

« L’insuffisance des mesures prises en réaction aux prophéties écologistes apocalyptiques, années septante et huitante, rappelle Jacques Poget, prouve que les actions sectorielles ne suffiront pas – tant que l’humanité ne tirera pas les conséquences d’un fait simple : elle est une, sur une planète finie. La croissance indéfinie constitue donc une fuite en avant sans issue. » La voie nouvelle suggérée par Edgar Morin est souvent nommée, par commodité, « décroissance » : mais il ne s’agit pas de « décroître », il s’agit de répudier le dogme de la croissance quantitative indéfinie. « Moins mais mieux » pourrait être le slogan de cette nouvelle « politique de civilisation », qui s’exprime notamment dans la revue « Entropia », aux Editions Parangon.

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HUBERT REEVES : « Il s’agit de l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants ! »

« Nous vivons aujourd’hui une période très excitante, où les luttes ont un sens. Je n’aurais pas aimé vivre par exemple dans les années trente où, si l’on voulait s’engager, il fallait choisir entre l’hitlérisme et le stalinisme. Aujourd’hui, il existe une cause qui est claire, morale et enthousiasmante, parce qu’il s’agit de l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants et je trouve ça plutôt intéressant, quoi qu’il arrive. » L’astrophysicien Hubert Reeves, interviewé dans « Migros Magazine » (Zurich) du 5 octobre 2009 par Laurent Nicolet.

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