PARAPSYCHOLOGIE

Une approche objective et scientifique des phénomènes non encore expliqués

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Pour une approche objective et scientifique des phénomènes non encore expliqués

« Il y a plus choses au ciel et sur la terre, Horatio, que n’en peut rêver votre scolastique. »
SHAKESPEARE, dans « Hamlet »

« Il a quitté ce monde un peu avant moi. Ça ne veut rien dire. Les gens comme nous savent
que la distinction entre le passé, le présent et le futur n'est qu'une illusion. »
ALBERT EINSTEIN, après la mort de son ami physicien Michele Besso.

« Tous les êtres vivants de l’univers, toute la matière,
le livre que vous tenez entre vos mains, les meubles qui vous entourent,
les vêtements que vous portez,
tous les objets que nous identifions comme fragments de réalité
contiennent la totalité enfouie en eux.
Nous tenons chacun l’infini au creux de notre main. »
TRINH XUAN THUAN, astrophysicien,
« La mélodie secrète » (Fayard, 1989).

« A mes yeux, l’attitude correcte pour entreprendre une étude valable
des phénomènes dits ‘paranormaux’, c’est l’ouverture, mais en toute lucidité.
Rejeter a priori les faits qui ‘dérangent’ n’est pas faire preuve de probité intellectuelle.
Ne disons jamais qu’un fait est impossible.
Mais vérifions avec toute la rigueur nécessaire, avant de l’admettre.
Cherchons d’abord si une explication toute naturelle n’est pas suffisante
et ne supposons pas d’emblée l’intervention d’entités et de forces surnaturelles. »
CHRISTOPHE BARONI, COMPRÉHENSION ET OUVERTURE, © 1993 (cote L 0).

« Il est urgent, comme l’ont compris des scientifiques tels qu’Henri Broch,
de développer chez les jeunes un véritable esprit scientifique.
Et celui-ci se caractérise par sa méthode :
il s’agit de savoir poser un problèmes en termes corrects,
et de l’exiger de quiconque prétend jouer au ‘maître’ plus ou moins ésotérique.
On est alors beaucoup moins vulnérable face à ces innombrables gourous
dont il n’est pas toujours facile de déterminer
si tel est plus fou qu’escroc, tel autre plus escroc que fou. »
CHRISTOPHE BARONI, COMPRÉHENSION ET OUVERTURE, © 1993 (cote L 0).

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Ne pas confondre OCCULTISME et PARAPSYCHOLOGIE !

LE PSYCHANALYSTE FACE À L’OCCULTISME ET FACE À LA PARAPSYCHOLOGIE Par Christophe Baroni, psychanalyste

Texte intégral d’un article publié dans le 1er numéro de la revue OUVERTURE (printemps 1978)

Tous droits réservés © 1978 et 2010 by Christophe Baroni, Chemin d’Eysins 42, 1260 Nyon, Suisse

La parapsychologie n’est pas l’occultisme. L’esprit en est différent.

Les « sciences occultes », loin d’être des sciences, sont des doctrines et pratiques secrètes qui prétendent faire intervenir des forces surnaturelles. Elles requièrent une initiation et supposent chez l’adepte le désir de maîtriser ces forces. L’occultisme va de pair avec la magie – noire ou blanche –, dont le but est de contrôler les événements, de les influencer par des procédés maléfiques ou bénéfiques. Occultisme et magie reposent sur la croyance en une grande Unité cosmique, cette « Ame du monde » dont, selon Plotin, les âmes particulières – celles des hommes… et des astres – so+-nt des émanations, « consubstantielles à ce foyer unique ». L’être humain serait un microcosme, univers en miniature dont les fonctions se retrouvent en toutes les parties du macrocosme, c’est-à-dire de l’univers.

L’occultisme est imprégné de cette mentalité prélogique étudiée par Lévy-Bruhl dans les sociétés « primitives » et dont Piaget a montré la présence chez le jeune enfant qui n’a pas encore atteint « l’âge de raison » : entre 4 et 6 ans par exemple, beaucoup imaginent que la lune les suit ou même qu’ils l’obligent à les suivre ! L’occultisme est habité par le fantasme de la toute-puissance magique de la pensée – fantasme qui a ses racines dans le narcissisme infantile. De là viennent à la fois l’attrait – pour certains êtres – de l’occultisme et son refus de se plier aux exigences de la pensée scientifique.

C’est à un patient très intelligent, atteint de névrose obsessionnelle, que Freud doit l’expression Allmacht der Gedanken, « toute-puissance des pensées ». Ce patient utilisait cette expression pour expliquer les phénomènes singuliers et inquiétants qui semblaient le poursuivre, lui et ses semblables : rencontre – comme s’il l’avait évoquée – d’une personne à laquelle il venait de penser, nouvelle de la mort d’une connaissance perdue de vue depuis longtemps – comme si par télépathie elle s’était rappelée à son attention… Dans toute forme de névrose, souligne Freud dans Totem et tabou, ce n’est pas la réalité du vécu mais celle de la pensée qui est déterminante dans la formation des symptômes. Les névrosés vivent dans un monde particulier où seule a cours ce que Freud appelle « la monnaie névrotique » (neurotische Währung) : autrement dit, n’est efficace à leurs yeux que ce qui est pensé intensément, représenté avec émotion – et dont l’accord avec la réalité extérieure leur importe peu. Atteints de névrose obsessionnelle, ils craindront par exemple d’exprimer des souhaits malveillants – comme si les formuler suffisait pour qu’ils se réalisent. Superstitieux, ils s’avèrent proches du « primitif » qui s’imagine pouvoir transformer le monde extérieur par le pouvoir de sa pensée. Ces superstitions et les rites obsessionnels qui en découlent tournent autour de l’idée de la mort : véritable « contre-sorcellerie » (Gegenzauber) destinée à conjurer le sort, c’est-à-dire la mort. Mort redoutée mais désirée aussi, en vertu de la fameuse ambivalence des névrosés de type obsessionnel : dans tout conflit de la vie, dit Freud, ils sont « à l’affût de la mort d’une personne qui leur importe, le plus souvent une personne aimée » (Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle, 1909).

Si le caractère magique de la pensée du névrosé a été mis par Freud surtout en rapport avec la névrose obsessionnelle et le thème du vœu de mort, le psychanalyste Charles Odier devait insister dans son livre L’angoisse et la pensée magique (Delachaux & Niestlé, 1948) sur l’aspect prélogique de la pensée dans les phobies et dans ce qu’il nomme la « névrose d’abandon ». Il distingue deux types d’angoisse : une angoisse normale, qui pousse à l’action efficace, et une angoisse pathologique, qui provoque au contraire des phénomènes affectifs s’opposant à l’action et incitant le sujet à recourir à la pensée magique : « Les sujets en état d’alarme se divisent en deux catégories. Les uns, appliquant une logique primitive, recourent au mode positif, ou faste, du penser magique. Ils utilisent ce mode pour conjurer le danger, ou annuler ses conséquences. Les autres font appel au contraire au mode négatif, ou néfaste. C’est là un phénomène extraordinaire, une sorte de ‘‘raté de l’instinct’’. »

Devant la vague d’occultisme qui déferle sur nos pays, la question se pose de savoir si nous n’assistons pas à une régression à ce stade magique de la pensée, déclenchée par l’angoisse sourde mais profonde qui nous étreint quant à notre avenir et à celui de nos enfants. L’histoire a connu des périodes plus dramatiques et plus pénibles, mais jamais encore la survie de notre espèce elle-même n’avait été en jeu. Que d’innombrables êtres, et surtout ceux qui ne peuvent compter sur les secours de la religion, se tournent alors vers l’occultisme, et tout particulièrement vers l’astrologie, n’étonnera pas.

Mais il n’y a pas seulement l’angoisse. Voici venu aussi le temps du désenchantement – et l’on peut dresser le constat d’échec de notre prétendue civilisation, comme l’a fait Roland Jaccard dans L’exil intérieur, premier volume de la collection qu’il dirige maintenant aux Presses universitaires de France et qui a vu paraître un autre ouvrage de la même veine : le Traité de la désillusion de François Bott. Ce que la parapsychologue Fanny Moser écrivait en 1935 dans son livre Okkultismus-Täuschung und Tatsachen (« L’occultisme-duperie et les faits ») ne s’applique que trop bien également à l’époque présente : « L’humanité semble se trouver dans une impasse, dépourvue de toute espérance, privée de tout salut. Ecrasée par le présent, n’attendant rien de l’avenir, elle cherche de nouveaux Dieux, un Autre Monde, une compensation au monde actuel, qui soit plus à même de satisfaire ses désirs et ses espérances. »

La vague d’occultisme actuelle doit être interprétée comme le symptôme d’une aspiration légitime à une vie plus digne d’être vécue, à une vie plus vraie, plus conforme à nos désirs profonds. Elle ne reculera que devant les forces de la vie, et il faut espérer que celles-ci triompheront des technocrates et des états-majors.

Il serait injuste de confondre la parapsychologie avec l’occultisme. Certes, elle s’intéresse précisément à des phénomènes que la science officielle n’admet ou en tout cas n’étudie pas. Mais au lieu de transmettre un enseignement ésotérique par la voie d’une initiation, comme si la Connaissance suprême était déjà là, voilée, et véhiculée par une Tradition séculaire ou millénaire – tirant son origine, à en croire certains, des « Extra-terrestres » –, elle s’efforce d’appliquer à l’étude des phénomènes dits paranormaux les méthodes rigoureuses de la science : statistiques comme celles de Rhine, contrôle par des appareils de laboratoire et des caméras, de façon à éliminer les erreurs dues à la subjectivité des chercheurs. Elle se soumet aux exigences de la science, quels que soient les inconvénients, pour la production des phénomènes en question, d’un expérimentation « à froid ». Le prestidigitateur doit être présent, pour démasquer des fraudes éventuelles. Mais également le psychanalyste, ajouterai-je, afin de percer à jour ceux que je propose d’appeler mystificateurs inconscients ou tricheurs de bonne foi. Comme dans l’occultisme, mais de façon plus subtile, mieux déguisée, le désir de posséder des pouvoirs surnaturels peut être à l’œuvre, qu’il s’agisse de télépathie, de clairvoyance ou de télékinésie. Il ne suffit pas d’éliminer les mystifications ; il faut encore savoir déceler les illusions nées du désir – et nous nous y emploierons, ne serait-ce que pour aider à mettre en lumière les faits réellement troublants.

Christophe Baroni © 1978 et 2010

Dans son livre Freud et l’occultisme (Edit. Privat, 197*), Christian Moreau, psychiatre et psychanalyste, insiste sur l’occultation de l’inconscient, caractéristique de l’occultisme, mais reconnaît que certains textes de Freud plaident en faveur de l’existence d’un noyau de vérité de l’occultisme – à savoir la télépathie.

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TÉLÉPATHIE : DU NOUVEAU ? Par Christophe Baroni, psychanalyste

Texte intégral d’un article publié dans le 4e numéro de la revue OUVERTURE (hiver 1978)
Tous droits réservés © 1978 et 2010 by Christophe Baroni, Chemin d’Eysins 42, 1260 Nyon, Suisse

Il y a un demi-siècle, le psychiatre italien Cazzamelli pensait avoir découvert des ondes radio émises par le cerveau et qui véhiculeraient les messages télépathiques. Quand fut mis au point le procédé permettant d’enregistrer sur le cuir chevelu les courants électriques du cerveau (l’électroencéphalographie), cette théorie électromagnétique de la télépathie eut grand succès : les courants électriques du cerveau doivent, pensait-on ,engendrer autour de la tête des ondes et des champs électromagnétiques capables peut-être d’atteindre d’autres cerveaux.

Mais le savant russe Leonid Vassiliev constata que les obstacles physiques au rayonnement électromagnétique n’empêchent pas la transmission télépathique – qui ne semble d’ailleurs pas affectée non plus par la distance.

Les instruments des physiciens ne détectent rien – et pourtant, il est difficile de nier la réalité de la télépathie. Alors ?

C’est ici que les thèses – j’aimerais mieux dire les hypothèses – du physicien Jean Charon permettent peut-être de sortir de l’impasse. Il postule, en plus de l’espace-temps einsteinien, seul reconnu jusqu’ici par la science officielle, un espace-temps complémentaire, qui ne serait plus celui de la Matière mais celui de l’Esprit. Et ce sont les électrons, particules immatérielles, qui renfermeraient cet espace-temps de l’Esprit, où le temps serait cyclique et où les phénomènes se dérouleraient à néguentropie croissante, c’est-à-dire en accroissant sans cesse leur contenu informationnel.

S’appuyant sur une hypothèse du physicien américain Richard Feynman – l’échange entre électrons de photons noirs « virtuels », véritable interaction à distance où rien de matériel ne passe en fait d’un électron à l’autre –, Charon n’hésite pas à parler d’échange spirituel entre électrons (échange d’états informationnels de plus en plus riches), qui s’exerce quelle que soit la distance. Et il pose la question : « Ne voit-on pas apparaître ici les premières bases vraiment scientifiques des phénomènes télépathiques ? »

Mais, pense Charon, seul l’Amour permet, entre des êtres ayant des affinités spirituelles, cette communication qui n’emprunte pas les voies matérielles. Ce qui rejoint une constatation empirique : les phénomènes télépathiques se produisent en général entre des personnes liées par une vive sympathie ou un amour profond.

La télépathie suppose la sympathie.

Christophe Baroni © 1978 et 2010

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MORT ET TÉLÉPATHIE Par René Morax

La Gazette de Lausanne, quotidien de qualité hélas disparu, avait autorisé Christophe Baroni à reproduire en 1981, dans le périodique Ouverture, un article de René Morax qu’elle avait publié le 19 avril 1934 sous le titre « Le message ». René Morax (1873-1963) est un auteur de théâtre suisse, dont les pièces les plus connues sont Aliénor et La servante d’Evolène. Voici un extrait de cet article. René Morax y relate une confidence de Mme de W., « femme pieuse et charmante, d’une vieille famille très pratiquante, qui compte de nombreux pasteurs ». Ecoutons Mme de W. :

« Mon cousin Simon est d’une vieille famille catholique de Lucerne, et un croyant très fervent. Il vit actuellement à Bâle, dans un appartement très confortable et meublé avec goût. Il était autrefois très lié avec un ami, lucernois comme lui. Mais cet ami, pour des raisons que j’ignore, perdit la foi, et devint un athée convaincu. Il devait en résulter entre lui et mon cousin, très pratiquant, je vous l’ai dit, de fréquentes discussions, sans que leur amitié en souffrît d’ailleurs. Mais comme il arrive dans les cas pareils, chacun se faisait fort de faire toucher à l’autre son erreur. Dans ce domaine de la foi, où la raison est impuissante à trouver des preuves, ces discussions ne pouvaient être qu’un échange de vues personnelles. Et chacun restait sur ses positions, en croyant faire avancer ou reculer l’adversaire. L’ami eut des revers, perte d’argent, déceptions sentimentales, que sais-je ? Bref, il résolut de refaire sa vie et de partir pour l’Amérique. Avant de se séparer, pour un très long temps peut-être, les deux amis se promirent de rester en relation constante. Et même, ils s’engagèrent très sérieusement à s’avertir par un message, si cela était possible, au moment de la mort. C’était comme un adieu, que le premier partant adresserait à travers l’espace au survivant. Ces cas de télépathie sont si fréquents qu’ils ne font pas plus sourire qu’une expérience aujourd’hui banale de télévision.

Les années passèrent. Mon ami, comme je vous l’ai dit, était venu s’installer à Bâle. Les nouvelles d’Amérique lui arrivaient espacées par des intervalles de plus en plus longs. Son ami lui faisait espérer un voyage prochain en Europe. Un soir, mon cousin était seul dans son appartement. La domestique était montée dans sa chambre. Il entend sonner à la porte d’entrée. Il voit à sa pendule qu’il est dix heures et demie, et il s’étonne d’une visite si tardive. Il va répondre lui-même. Quelle est sa surprise en reconnaissant sur le palier son ami d’Amérique. Il lui paraît à peine changé. Il lui tend les mains et il s’écrie : – C’est toi. Pourquoi ne m’as-tu pas averti plus tôt de ton arrivée ? J’aurais été t’attendre à la gare. Mais entre donc.

Il ne douta pas un instant que ce ne fût son ami qui se tenait devant lui. Alors, sans faire un pas vers lui, l’ami lui répondit d’une voix grave : – Je suis venu t’avertir. Je me suis lourdement trompé. Il y a un Dieu. Il y a une Eternité. Il y a une rétribution.

Il resta encore quelques instants sur le palier. Puis la forme de ce corps parut se dissoudre comme un brouillard et s’évanouit dans l’ombre de l’escalier.

Je n’éprouvais aucun crainte, me dit mon cousin, mais une extraordinaire surprise. Pourquoi ne voulait-il pas entrer ? Pourquoi cette sorte de disparition bizarre ? Je l’appelai, mais il n’était plus là. Et je restai longtemps au coin du feu, à penser à cette visite étrange. Le lendemain matin, j’ai reçu d’Amérique un télégramme m’annonçant la mort de mon ami. Je vérifiai l’heure, c’était l’heure exacte où il m’était apparu, à la porte.

Je ne suis pas craintive, ajouta Mme de W., et je crois qu’un cambrioleur ne m’effrayerait pas au milieu de la nuit, mais je vous l’avoue, une présence pareille m’inspirerait une insurmontable terreur. »

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LA « VISION PANORAMIQUE » DES MOURANTS Par Christophe Baroni

Extrait d’un article publié dans le 42e numéro de la revue OUVERTURE (été 1988)
Tous droits réservés © 1988 et 2010 by Christophe Baroni, Chemin d’Eysins 42, 1260 Nyon, Suisse

(…) Certains états de conscience extraordinaires, étranges et inoubliables, et qui se sont manifestés – spontanément – chez des êtres qui croyaient vivre les dernières secondes de leur vie, nous semblent caractérisées par un haut degré de lucidité : il s’agit de cette sorte de vision panoramique où, comme dans un flash, on « revit » toute sa vie. Cela s’est produit dans des cas à la fois nombreux, divers et convergents, par exemple chez des noyés ou des pendus, chez des alpinistes ou autres victimes d’accident : sauvés in extremis, ils ont ainsi pu raconter ce qu’ils avaient vécu au cours de ces quelques secondes. Malgré l’angoisse d’une mort plus qu’imminente, ces récits sont le plus souvent empreints d’une étrange sérénité, comme si l’être qui croit mourir était déjà détaché des vicissitudes de son corps.

Un de ces noyés prétendit qu’il lui avait semblé « voir toute sa vie antérieure se déroulant en succession rétrograde (c’est-à-dire en remontant vers l’enfance), non comme une simple esquisse, mais avec des détails très précis, formant comme un panorama de son existence entière, dont chaque acte était accompagné d’un sentiment de bien ou de mal » (Théodule Ribot, Les maladies de la mémoire, Alcan, 1881, citant F. Winslow, On the obscure diseases of the brain and disorders of the mind).

Dans ses Confessions d’un mangeur d’opium, Thomas de Quincey (1785-1859) relate une expérience qui offre une analogue frappante avec celles que nous venons de citer : « Il me semble avoir vécu soixante-dix ans ou un siècle en une nuit… Les plus petits événements de ma jeunesse, des scènes oubliées de mes premières années étaient soudain ravivées. On ne peut dire que je me les rappelais, car, si on me les avait racontées à l’état de veille, je n’aurais pas été capable de les reconnaître comme faisant partie de mon expérience passée. Mais, placées devant moi comme elles l’étaient en rêve, comme des intuitions, revêtues de leurs circonstances les plus vagues et des sentiments qui les accompagnaient, je les reconnaissais instantanément. »

Plus près de nous, le docteur Raymond Moody, auteur du fameux livre La vie après la vie (Life after life, 1975, trad. fr. chez Laffont), a recueilli de nombreux récits circonstanciés de comas et de morts cliniques ayant entraîné des « visions ». Il en décrit quinze caractères principaux, dont celui-ci : c’était réellement toute leur vie qui, soudain, remontait à leur conscience, dans les moindres détails – et notamment (ceci intéressera les psychanalystes) les scènes que le sujet avait refoulées pour s’y être comporté de façon laide, honteuse ou choquante.

Spontanée, au seuil d’une mort quasi certaine, ou facilitée par une drogue, ou encore se produisant à la faveur de l’hypnose, cette étrange exhumation de souvenirs même très anciens et profondément enfouis dans « l’oubli » montre à quel point le « passé » est présent en nous. Présent de façon troublante.

Que l’on soit d’accord ou non avec la manière dont le philosophe Henri Bergson conçoit la relation entre le corps et l’esprit, il faut bien admettre qu’il a mis en évidence un caractère essentiel de la « vision panoramique des mourants » en l’expliquant par le relâchement de cette attention qui est en principe nécessaire à une action efficace : « Si notre passé nous demeure presque tout entier caché parce qu’il est inhibé par les nécessités de l’action présente, il retrouvera la force de franchir le seuil de la conscience dans tous les cas où nous nous désintéresserons de l’action efficace pour nous replacer, en quelque sorte, dans la vie du rêve » (Matière et mémoire, essai sur la relation du corps à l’esprit, Alcan, 1896).

Et Bergson propose ce raccourci saisissant, sous forme d’antithèse : « Un être humain qui rêverait son existence au lieu de la vivre tiendrait sans doute ainsi sous son regard, à tout moment, la multitude infinie des détails de son histoire passée. Et celui, au contraire, qui répudierait cette mémoire avec tout ce qu’elle engendre jouerait sans cesse son existence au lieu de se la représenter véritablement : automate conscient, il suivrait la pente des habitude utiles qui prolongent l’excitation en réaction appropriée. » (Ibid.)

Christophe Baroni © 1988 et 2010

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HYPNOSE ET MÉMOIRE Par Christophe Baroni

Extrait d’un article publié dans le 8e numéro de la revue OUVERTURE (hiver 1979)
Tous droits réservés © 1979 et 2010 by Christophe Baroni, Chemin d’Eysins 42, 1260 Nyon, Suisse

(…) Laissant ici de côté les aspects thérapeutiques de l’hypnose et les raisons qui ont conduit Freud à l’abandonner, nous constatons le rapport étroit entre hypnose et mémoire : dans l’état hypnotique, des souvenirs apparemment oubliés redeviennent présents comme par enchantement. Des expériences ont démontré la possibilité, en plongeant un sujet en état d’hypnose, de lui faire revivre même des scènes de sa plus tendre enfance. L’intérêt de telles expériences, non seulement sur le plan thérapeutique mais aussi sur le plan purement scientifique, est évident. Et les savants qui se penchent sur les mystères de la mémoire et de l’oubli feraient bien de lire ou relire les textes du philosophe Bergson rassemblés dans le recueil Matière et mémoire, où il insiste sur les limitations qu’impose à l’esprit le corps, orienté vers l’action exigée par le moment présent.

Voici par exemple le cas, relaté par Dominique Webb dans son livre L’hypnose et les phénomènes PSY (Laffont, 1976), d’une jeune femme souffrant d’une claustrophobie dont, paraît-il, la psychanalyse n’avait pu déceler la cause. Ramenée sous hypnose au moment de sa naissance, elle pousse des hurlements et crie qu’elle veut revenir en arrière. Il fut découvert que l’accouchement avait été long et difficile et qu’elle était restée coincée trop longtemps dans le col utérin.

Lorsque, sous hypnose spontanée ou provoquée, un sujet remonte ainsi dans le temps, c’est toute sa personnalité qui régresse : il ne va pas simplement évoquer des souvenirs, mais revivre tel ou tel moment de sa vie. Attitudes et comportements, sentiments et pensées seront ceux qu’il manifestait alors. Ramené à l’âge de cinq ans, il « sera » l’enfant qu’il était à cet âge-là. On peut même, semble-t-il, le faire « redevenir » nourrisson, et d’aucuns affirment, on vient de le voir, qu’il est possible de lui faire revivre sa naissance.

Mais alors, pourquoi s’arrêter à la naissance ? Pourquoi ne pas remonter jusqu’à la période fœtale ? L’expérience a été tentée, et l’on a vu alors le sujet se lover en position fœtale – ce qui, j’en conviens, peut s’expliquer non par une réelle régression, mais par une identification, sous l’effet de la suggestion hypnotique, à l’image classique du fœtus.

Plus troublants sont les cas où le sujet revit sous hypnose sa propre naissance, qui d’après des témoignages dignes de foi s’avère être bel et bien sa propre naissance, identifiable à certaines particularités inconnues de lui, et non pas une scène de naissance imaginée d’après les récits familiaux et peut-être déformée par ses fantasmes.

Christophe Baroni © 1979 et 2010

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...mais attention aux « FAUX SOUVENIRS » !

Extrait d’un article publié dans le numéro 2006-I (printemps-été) du nouveau bulletin semestriel OUVERTURE.
Tous droits réservés © mars 2006 by Christophe Baroni, Chemin d’Eysins 42, 1260 Nyon, Suisse

Les progrès des neurosciences projettent des lumières nouvelles sur la mémoire et ses étrangetés.

Ce 18 mars 2006, le Service d’anesthésiologie de l’Hôpital universitaire de Genève organisait une journée de formation continue sur « les faux souvenirs : approche multidisciplinaire », dans le cadre de la 9e semaine internationale du Cerveau (13-19 mars).

Comment un « FAUX SOUVENIR » se crée-t-il ?

Professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation et responsable de l’Unité de psychopathologie et de psychologie cognitive, Martial Van der Linden, interviewé par Paola Mori, répond à cette question dans Pulsations (mars 2006), périodique des Hôpitaux universitaires de Genève. Il faut trois conditions :

  1. que le faux souvenir soit plausible ;
  2. qu’il se crée une représentation riche et vive ;
  3. qu’il y ait confusion quant à la source du souvenir.

Il donne cet exemple : lors du mariage d’un proche, vous quittez un instant la salle de réception et durant ce laps de temps se produit un événement mémorable : éméché, votre grand-père grimpe sur une table, retrousse son pantalon et entonne une chanson coquine. Deux mois plus tard, vous reparlez de ce mariage avec votre tante et elle vous demande si vous vous souvenez de l’épisode du grand-père. Comme vous répondez évidemment non, elle vous raconte l’incident avec moult détails. Vous vous imaginez alors la scène, vous en créez dans votre esprit une représentation vive et détaillée. Quelques mois plus tard, il est tout à fait possible que vous reparliez de cet incident comme si vous y aviez réellement assisté (confusion quant à la source du souvenir, à la faveur de la création d’une image très précise de l’événement). Car la mémoire est CONSTRUCTIVE et dépend de notre PERSONNALITÉ. Récupérer un souvenir n’est pas récupérer une photographie figée, mais « le construire à partir de ce qui est stocké en mémoire, de ce qu’on a imaginé ou de ce qu’on nous a raconté ainsi que de notre connaissance générale du monde ». De surcroît, « on sélectionne et/ou on distord nos souvenirs » pour les mettre en accord « avec nos croyances, buts et valeurs ». Nos préoccupations contribuent à façonner les caractéristiques d’un souvenir récupéré. Une personne phobique, par exemple, « se souviendra surtout du regard des autres sur elle, des aspects relationnels de l’événement ». Chaque fois qu’on récupère un souvenir, il est différent. Il dépend aussi « du fil que l’on tire pour le récupérer ».

Egalement interviewée par Paola Mori, Nathalie Dongois, docteur en droit, chargée de cours en droit pénal suisse à l’Université de Lausanne, a parlé le 18 mars du faux TÉMOIGNAGE et de l’AVEU liés à de « faux souvenirs » :

« Un faux témoignage peut être lié à un faux souvenir, c’est-à-dire à une représentation involontairement fausse d’un fait » – seul le faux témoignage intentionnel est punissable, mais la distinction n’est pas toujours facile. Un faux souvenir peut aussi amener une personne à avouer faussement qu’elle a commis certains actes, et Nathalie Dongois ajoute cette précision : « Le faux souvenir qui a engendré l’aveu peut avoir été suscité par des pressions exercées sur la personne lors de la garde à vue par exemple. Ceci peut être d’autant plus dommageable que l’aveu reste un moyen de preuve très recherché et qu’il suffit, dans de trop nombreux cas, à boucler une affaire. » Voilà qui donne à réfléchir.

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Pourquoi la sensation de «déjà vu» ou de «déjà vécu» ?

Beaucoup d’entre nous ont déjà ressenti cette étrange impression d’avoir déjà vécu exactement la même scène, ou d’avoir déjà été présent en tel lieu (où pourtant on n’avait jamais mis les pieds). Souvenir d’une très hypothétique « vie antérieure » ? « Eternel retour du même », cher aux stoïciens et à Nietzsche ? Petit raté du mental ? Remontée partielle d’un souvenir refoulé, cachant un traumatisme ou un désir coupable, comme le pensait Freud ? Voire nostalgie du ventre maternel, thème obsédant chez Ferenczi ? Les épileptiques vivent assez souvent, avant leurs crises, cette sensation de « déjà vu/vécu », qui selon de récentes recherches serait due à un dysfonctionnement bref dans le système limbique du cerveau – dysfonctionnement que l’on peut provoquer par stimulation électrique et peut-être par hypnose. D’autres chercheurs y voient plutôt le résultat d’un décalage dans le système neuronal qui a pour fonction de distinguer, dans une scène, le connu du nouveau : par fatigue, stress ou ivresse, notre cerveau interpréterait alors les messages de nos sens comme un souvenir.
(Dans la petite anthologie GRANDES HEURES DE LA VIE, voir «Le temps retrouvé», pp. 55-58.)

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Les surprises du COMA : Une adolescente s'endort croate et se réveille allemande

Après un coma de 24 heures, une adolescente de 13 ans s'est réveillée incapable de prononcer un mot dans sa langue maternelle, le croate, mais parlant couramment l'allemand. Or, avant son accident, et malgré la lecture de livres allemands ou les émissions de télévision en allemand qu'elle regardait, elle était loin de maîtriser cette nouvelle langue : elle commençait à l’apprendre à l'école. Sage commentaire de l'expert psychiatre Mijo Milas: « Jadis, cela aurait passé pour un miracle. Mais nous préférons penser qu'il y a une explication logique. C'est juste que nous ne l'avons pas encore trouvée. » Il rappelle les cas où des malades se seraient mis à parler des langues « parfois bibliques, comme celles de Babylone ou de l'Egypte ancienne ». Quant au directeur de l'hôpital, il garde lui aussi la tête froide: « On ne sait jamais, quand il se remet d'un traumatisme, comment le cerveau va réagir. Nous essayons toujours de trouver ce qui a bien pu causer ce coma profond et pourquoi elle parle désormais aussi bien cette autre langue. »

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En toute « neutralité analytique »,
donc sans quel cela signifie de ma part une adhésion à l’astrologie, voici

les caractéristiques des douze signes astrologiques

telles qu’elles ont été établies au cours des siècles par les astrologues
© by Christophe Baroni ,Chemin d’Eysins 42, 1260 Nyon, Suisse

 

BÉLIER (signe de Feu) Feu originel qui se manifeste à l’entrée du printemps, élan instinctif

(Tête) germination, impulsivité, émotivité, activité de pionnier...


TAUREAU (signe de Terre) Matérialisation des forces créatrices, floraison, végétation massive,

(Cou, gorge) puissance de l’instinct, persévérance...


GÉMEAUX (signe d’Air) Mobilité aérienne, agilité et mobilité de l’esprit, souplesse, légèreté,

(Système respiratoire; bras) aisance, jeu, flirt...

Nature: branchage, feuillage, fonction chlorophyllienne.


CANCER (signe d’Eau) Les eaux-mères, vie psychique profonde, sensibilité, rêve, nostalgie,

(Estomac et seins) poésie... Nature: formation des graines.


LION (signe de Feu) Plénitude du fruit, magnificence et maturité sous l’éclatant soleil.

(Cœur) Pleine flamme de vie, affirmation du Moi, volonté, autorité, ambition, rayonnement, puissance, orgueil...


VIERGE (signe de Terre) Epi mûr, moisson, engrangement. Sens de l’économie, goût du travail

(Intestin) discipline, raison, organisation, logique...


BALANCE (signe d’Air) Equilibre des jours et des nuits (équinoxe), repos, détente, paix.

(Reins, vessie) Sentiment, échanges affectifs, besoin d’harmonie avec le milieu, sociabilité, hésitation...


SCORPION (signe d’Eau) Décomposition des feuilles, putréfaction... Passion, amour et mort,

(Organes sexuels, anus) révolte, drame, mystère, vitalité, individualisme...


SAGITTAIRE (signe de Feu) Aspiration à se dépasser, énergie tendue vers un but, attitude

(Cuisses) conformiste, ou au contraire d’une indépendance farouche.


CAPRICORNE (signe de Terre) Stade de la graine enfouie dans le sol, dépouillement, silence,

(Squelette) concentration, amorce d’une lente maturation en vue d’une conquête à lointaine échéance...

Ambition servie par l’obstination, ou dépouillement...


VERSEAU (signe d’Air) La graine s’intègre au milieu terrestre... Acceptation d’autrui,

(Chevilles, nerfs, circulation) appartenance à l’univers, altruisme mais indépendance,

horreur des sentiers battus, curiosité scientifique...


POISSONS (signe d’Eau) Etat transitoire entre l’hiver et le printemps, monde de l’imprécis où

(Pieds) tout demeure dans l’informe, sans frontières nettes. L’individu est noyé dans le tout. Emotivité, sensibilité, passivité, réceptivité, intuition très vive, dévouement, besoin d’aimer et d’être aimé...


Mais attention! Si vous êtes « du signe du Bélier », p. ex., cela signifie simplement que votre Soleil est dans le Bélier. Il faut tenir compte encore de la Lune et des Planètes, et aussi des douze « Secteurs » ou « Maisons » (censés correspondre aux divers aspects de la vie), et en particulier de l’Ascendant, qui dépend de l’heure précise et du lieu de naissance. Et surtout, n’oubliez pas que le « destin » d’un être dépend en fait de l’hérédité, du milieu familial et social, et des circonstances...

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Que pense l’astrophysicien Hubert REEVES de l’astrologie ?

A en croire l’astrologue Elizabeth Teissier, il serait plutôt favorable à l’astrologie : « Hubert Reeves, avec qui j’ai déjeuné, n’est pas du tout hostile à l’astrologie, à l’instar d’autres hommes de science qui ne sont pas sûrs du tout qu’elle ne soit pas fondée » – en réponse au rédacteur en chef de Radio TV je vois tout, Jacques Dominique Rouiller, pour qui « l’astrologie, sœur ou cousine de l’astronomie, semble avoir plutôt mauvaise presse auprès des scientifiques ,spécialement chez les rationalistes purs et durs qui étudient les quarks et les trous noirs » (10 janv.1985).

Hubert Reeves, à mon avis, se sera montré conciliant pour ne point gâcher un déjeuner qu’on imagine, vu les honoraires de Mme Teissier, de première qualité gastronomique. Le sage tait les arguments dont il sait qu’ils ne seront point compris – ce qui permet aux sots d’entendre ce qu’ils désirent entendre.

Que pense réellement cet éminent astrophysicien de l’astrologie ? Laissons-le s’exprimer lui-même, directement : « Je reproche à l’astrologie, d’abord, d’avoir réponse à tout. Pour moi, les astrologues sont des virtuoses capables de retomber sur leurs pieds en toutes circonstances… Mais, à force de tout expliquer, on n’explique plus rien du tout. La démarche scientifique, au contraire, consiste à admettre ses limites, à tâtonner, à se tromper, à se corriger, à ajuster continuellement le tir. » (L’Express, 27 déc. 1985.)

Hubert Reeves ajoute deux arguments. Le premier est classique, c’est celui de la précession des équinoxes : né un 13 juillet p.ex., vous êtes censé « être Cancer » (!), alors qu’à notre époque, le Soleil est « dans les Gémeaux » ( !) un 13 juillet. L’autre argument d’Hubert Reeves contre l’astrologie concerne les prétendues conjonctions d’astres : pour l’homme antique, le ciel était une voûte, où les astres se rencontraient vraiment, alors qu’en réalité, dans l’immensité de l’espace réel, « les rencontres et les ‘‘alignements’’ sont des effets de perspective, sans intérêt astronomique ».

Mais cet éminent scientifique ne tient nullement à combattre les astrologues, ce qui accroîtrait leur popularité et leur prestige. Sa démarche personnelle consiste à dire aux gens qu’il y a « un autre discours, plus satisfaisant et plus acceptable pour un esprit critique », sur les rapports entre l’homme et l’univers. En intégrant les acquis des sciences modernes, « on arrive à situer l’être humain dans le grand mouvement de l’évolution cosmique, qui nous relie aux étoiles ainsi qu’à la purée primordiale d’il y a quinze milliards d’années ». Nouvelle vision du monde, qui lui paraît de nature à assouvir, au moins partiellement, « cette grande ‘‘soif d’âme’’ que nous sentons si vive chez nos contemporains ».

En janvier 1983, la revue scientifique La Recherche (Paris) a publié un article important intitulé « L’astrologie et la science », dont l’auteur est Jean-Claude Pecker, membre de l’Académie des Sciences et professeur au Collège de France, où il enseignait l’astrophysique théorique.

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A propos du mépris des astronomes envers l’astrologie,

André BARBAULT, astrologue qui fait autorité parmi les astrologues français, cite ce fait significatif : J. Allen Hynek, chef du Département d’astronomie à la Northwestern University, aux Etats-Unis, avait, quand il était encore simple collaborateur d’un observatoire, effectué des recherches astrologiques aux résultats négatifs, mais son directeur lui refusa l’autorisation de le publier, « de peur qu’on imagine les astronomes passant une fraction de leur temps, si petite soit-elle, à l’étude d’un tel sujet ! » Car « pour un astronome, précisait Hynek, avoir affaire, même de loin, avec l’astrologie paraît l’exclure de la communauté scientifique » (André Barbault, Connaissance de l’astrologie, Seuil, 1975).

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De prétendus horoscopes

Lucide et honnête, l’astrologue André Barbault rappelle dans le même livre une expérience qui montre combien, sans aucun esprit critique, la plupart des gens acceptent comme pertinente une description de leur personnalité qui en fait ne les concerne nullement ! Cela a été fait aussi pour d’autres approches des problèmes humains que l’astrologie, du reste.

Quelqu’un fit établir par ordinateur l’horoscope du docteur Petiot (un tueur en série sous l’Occupation de Paris, une sorte de Landru) et proposa, par petites annonces dans la presse populaire, d’offrir gratuitement à chacun, à titre d’expérience et de recherche, un horoscope électronique personnel, en laissant entendre qu’une étude plus précise, également gratuite, pourrait être envoyée ultérieurement. On demandait simplement que chacun voulût bien exprimer ses réactions à la lecture de l’horoscope « personnel » reçu. Or, en guise d’horoscope « personnel », chacun reçut le même document : le texte de l’horoscope – tronqué, il est vrai – du docteur Petiot. Résultat ? « La grande majorité des gens », écrit l’astrologue André Barbault, se reconnurent dans le portrait du célèbre criminel !

Faisons nous aussi, comme Barbault, preuve d’honnêteté intellectuelle, et inscrivons au crédit de l’astrologie le fait que l’horoscope du docteur Petiot, établi par un ordinateur qui ne peut être soupçonné d’être « pour » ou « contre » l’astrologie, signalait que son destin pouvait être façonné par une ou plusieurs morts, qui « joueraient un rôle important dans son existence ». Certes ! Car c’est un horrible charnier qu’on découvrit chez lui : des Juifs qu’il prétendait soustraire à la persécution nazie…

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Réponses des astrologues sur la « précession des équinoxes »

Au sujet de la « précession des équinoxes », qui décale signes et constellations les uns par rapport aux autres d’un degré tous les 72 ans, voici la réponse qu’adresse l’astrologue André Barbault aux astronomes :

--- Jamais, depuis Ptolémée, il n’a existé de confusion chez les astrologues entre le zodiaque sidéral des constellations et le zodiaque tropique accordé au rythme des saisons : « C’est toujours à ce dernier qu’ils se sont référés ».
--- Ptolémée, au IIe siècle apr. J.-C., précise lui-même que les noms attribués aux signes proviennent « non des constellations elles-mêmes, mais de leur état propre » : « Il est clair en effet, écrit Barbault, que les mois zodiacaux, premier calendrier associant le Ciel à la Terre, tirent leurs noms et significations des phénomènes naturels de la saison, et non des constellations dont les assemblages étoilés ne ressemblent, ni de près ni de loin, aux désignations zodiacales. »
--- Les décalages dus à la précession des équinoxes « ont toujours été calculés par les astrologues-astronomes (par Tycho-Brahé pour l’année 1630, p.ex.), et chaque fois que des interprètes ont traité des étoiles et constellations, ils en ont tenu compte ».

« L’astrologie a suffisamment de vrais et difficiles problèmes pour qu’on n’ait pas à lui en fabriquer de fallacieux », conclut Barbault sur cette question de la précession des équinoxes (op. cit.).

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Comment les astrologues définissent-ils l’être humain ?

Là encore, je donne la parole directement à André Barbault, en citant son livre Connaissance de l’astrologie (Seuil, 1975) et en signalant aussi son livre De la psychanalyse à l’astrologie (Seuil, 1961) : « Dans la représentation astrologique, l’individu EST et il participe du TOUT. Telle est notre condition humaine au niveau de cet inconscient que l’on sait maintenant être à l’origine de l’animation du cosmos astrologique. (…) Le « natif » est au centre de son thème, coextensif à la figure céleste tout entière. (…) Dans cette dimension astrologique, l’homme se sent et se trouve recentré et réintégré : attaché à la spécificité d’une individualité originale et incorporé à son appartenance à l’humanité. » Plus loin : « C’est une véritable récupération des valeurs nocturnes de l’âme (cette âme malade des distorsions et réductions de l’analyse, et qui émigre là où il n’y a pas d’unité) qui s’opère dans la satisfaction de ce besoin primitif de centration de la personne, ainsi que dans le retour à une vision globale et synthétique de l’être et du monde. » Dès lors, quelle est la mission de l’astrologie ? « Contribuer à éclairer l’être humain sur lui-même, répond Barbault, pour l’aider à se mettre en conformité avec les lois éternelles qui agissent en lui, afin qu’il y épanouisse les structures qu’il a en commun avec la nature. Mission au service du bonheur humain, permettant d’évoquer avec émotion, comme Kant s’y employait, ‘‘le ciel étoilé au-dessus de nos têtes et la morale siégeant au fond de nos cœurs’’, en les réunissant comme les deux facettes d’un seul tout. » Paroles empreintes d’une sagesse profonde, penseront les uns. Blabla, penseront des esprit plus rationnels et plus sceptiques.

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AMOUR ET ASTROLOGIE : les « affinités électives » ?!

A supposer que l’astrologie puisse aider à comprendre un être, la comparaison des « thèmes astraux » d’une femme et d’un homme doit permettre d’évaluer leurs chances de tomber amoureux l’un de l’autre, de s’aimer, d’être heureux ensemble – pour un temps ou pour la vie. Mieux : l’astrologie doit pouvoir définir le « style » même de leur amour – car il y a diverses façons d’aimer. Que l’astrologie ait de la valeur ou soit une prétentieuse ânerie, reconnaissons aux astrologues, du moins aux meilleurs – qui ne sont pas forcément les plus chers –, un sens des nuances de l’amour que certains « psy » peuvent leur envier, tant ils sont, c’est le comble, dépourvus de feeling et perdus dès qu’on sort du domaine de la psychopathologie.

Sur les « affinités électives » telles que les envisage l’astrologie, c’est également à l’astrologue André Barbault que je donne la parole, en citant cette fois-ci son Traité pratique d’astrologie (Seuil, 1961) : « La tradition astrologique a enseigné la valeur de certaines rencontres, en particulier dans le domaine affectif. Ainsi, entre un homme et une femme, la ‘‘rencontre’’ zodiacale du Soleil et de la Lune – l’un ayant son luminaire diurne sur le luminaire nocturne de l’autre, peu importe le rapport – ou encore celle de Vénus et de Mars (il s’agit dans les deux cas du rapport de valeurs couplées, l’une étant masculine et l’autre féminine), ces rencontres, disons-nous, sont annoncées comme très attractives amoureusement, la rencontre Soleil-Lune l’étant idéalement et la rencontre Vénus-Mars, surtout sensuellement. Il y a là une condition symbolique propice à une interpénétration affective des deux individus. » (Quand Barbault écrit que la rencontre Soleil-Lune est attractive « idéalement », il veut dire qu’en ce cas ce sont les personnalités qui s’attirent, alors qu’en cas de rencontre Vénus-Mars l’attraction réciproque est de nature sexuelle.)

Les « conjonctions » attractives de l’élection amoureuse seraient :

--- Soleil de l’un sur Lune de l’autre,
--- Mars de l’un sur Vénus de l’autre,
--- Soleil ou Lune de l’un sur Vénus de l’autre,
--- Lune de l’un sur Lune de l’autre,
--- Soleil, Lune ou Vénus de l’un sur l’Ascendant ou le Milieu du Ciel de l’autre,

alors que seraient particulièrement nuisibles dans les relations de deux personnes les conjonctions ou dissonances se produisant entre les points vitaux de l’un (Ascendant, Milieu du Ciel, Soleil, Lune, Vénus, Mercure) et les « maléfiques » de l’autre (Mars, sauf sa conjonction avec Vénus, Saturne, Uranus, Pluton).

Les sceptiques feront observer que ces données « favorables » ou « défavorables » sont assez variées pour qu’il y ait des chances d’expliquer (après coup !) le bonheur de tel couple ou le malheur de tel autre. Et si l’astrologue, prenant plus de risques, a donné un pronostic, on doit se demander dans quelle mesure le couple s’est plus ou moins inconsciemment conformé à la « prédiction »

On constate souvent que les astres sont un prétexte commode pour justifier un amour « fatal » qui vient briser une famille, ou pour justifier une séparation ou un divorce qui nous arrange. Mais sur ce point je tiens à faire remarquer que du point de vue de l’astrologie elle-même, comme on peut le constater d’après ce qui précède, prétendre p.ex. que les natifs du Bélier s’entendent avec ceux du Lion (signes de la « triplicité Feu ») et ne peuvent s’entendre avec ceux du Cancer (signe d’Eau « en carré avec » le Bélier) est une simplification abusive qui ne signifie pas grand-chose, comme le dit expressément André Barbault.

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Un danger : éduquer ses enfants… en fonction de leur signe astrologique !

Succès commercial assuré : douze fascicules joliment illustrés, à l’usage des parents, un par signe astrologique, avec des explications niveau grand public et des conseils pour éduquer ses enfants selon leur signe.

Mais quelle grave atteinte au libre développement des véritables potentialités de l’être, par cette suggestion débile et fallacieuse ! Et donc grave atteinte au droit de tout être à devenir « celui qu’il est », et non celui qu’on prétend qu’il est (sur une base dépourvue de toute valeur, même aux yeux des bons astrologues, puisqu’il y a douze signes et dix « Maisons » à prendre en considération, et non simplement « le signe », qui ne tient compte que de la date de naissance, donc seulement de la présence du Soleil dans tel ou tel signe !).

Ainsi élevé, l’enfant puis l’adolescent risque fort, certes, de présenter les caractéristiques de son signe (voir ci-dessus)… mais uniquement par un effet de suggestion puis d’autosuggestion.

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